la vie a-t-elle besoin d'être utile pour être ? Pourquoi alors le théâtre devrait-il être utilitaire ? Le théâtre ne changera pas le monde, c'est ainsi qu'il est libre... en étant inutile." Bruno Charrier
Qu’est-ce qu’un dodo ? Un autre nom du dronte.
Qu’est-ce qu’un dronte ? Allez voir la page 582 du petit Robert de l’édition 1977. Un dronte est un grand oiseau coureur de l’île Maurice incapable de voler, exterminé par l’homme au XVIII siècle. Voir Dodo. Dodo… Dodo est un mot du langage enfantin : « Dodo, l’enfant do, l’enfant dormira tantôt. »
Dodo est-il le sujet du spectacle ? Non.
Pourquoi alors ce titre à dormir debout ou à être mouliné sur place ?
Est-ce pour le plaisir de l’absurde ?
L’absurde étant un type de théâtre montrant une existence dénuée de signification et mettant en scène la déraison du monde dans laquelle l’humanité se perd… Oui !
Quelques retours pris au vol
" Le bonheur de ce spectacle c'est qu'il est un divertissement intelligent qui peut parler à toutes sortes de publics "
" Un spectacle qui offre plusieurs possibilité de lectures donc particulièrement généreux et accessible "
" Un spectacle qui nous rappelle que le théâtre peut être en même temps intelligent et en même temps divertissant."
"Que de joie, que de bonheur, que de rires ! "
Roland, personnage poétiquement singulier, après avoir été cueilli par Maurice, cueilleur de « monstres anodins », pour son cirque improbable, a tout naturellement pris sa succession au décès de ce dernier.
Il parcourt, de sa présence grotesque, villes et campagnes pour présenter avec sa comparse les monstres du quotidien qu’il pêche au grès de ses pérégrinations et que sa montre en chair de poule tire au hasard chaque soir pour le plus grand « plaisir » du public.
Toutes les saynètes sont construites sur une réplique ou une attitude de l’un qui questionne l’autre.
Les personnages sont tous monstrueux, ils traduisent la monstruosité qui fait que l’être humain ne paraît pas en fin de compte si humain que cela. Dans ce texte, bâti sur de nombreux jeux de mots, où chacun a un sens et parfois plusieurs, on retrouve le décor de l’absurde avec, à chaque fois, un débat entre deux personnages.
Les personnages se jouant du langage et allant jusqu'à jouer avec lui, leur joute verbale et leur comique de mots sont prétexte à des situations cocasses.
Plus ils essaient de se comprendre moins ils se comprennent , ce qui amène un véritable théâtre de la cruauté. Ils sont incapables d'entendre le monde qui les entoure, ce monde absurde ! Ils représentent la solitude et la fragilité de l'être humain face au monde qui les entoure.
Dès le début du texte, Roland nous explique qu'ils sont des monstres qu’il a « cueillis », tel un auteur avec ses personnages.
On participe à une mise en abîme du théâtre où le personnage de Roland nous rappelle que nous sommes au spectacle.
La mise en scène veut suivre cette idée de mise en abîme du théâtre afin que le public puisse s'amuser pleinement avec le jeu vertigineux du texte.
Aussi, nous sommes deux comédiens, un comédien, une comédienne pour douze personnages (dont Monsieur Roland et sa comparse ) et nous jouons chacun autant des hommes et des femmes. Le corps ne devenant, dés lors, qu'un véhicule, cela permet au public d'imaginer les personnages, de terminer de créer leur "réalité", d'autant que seuls Monsieur Roland et sa comparse sont théâtralisés. Les personnages "monstres" sont simplement représentés par un accessoire.
La scénographie, quant à elle, est centrée sur la montre en chair de poule telle une machinerie de théâtre qui ferait jaillir de son antre les personnages et leur univers. Les univers de chaque scène sont représentés par des décors en 3-D, chacun conçu dans une caisse que nous plaçons dans la montre en chair de poule avant chaque joute. La scène, quant à elle, est occupée par trois "tabourets" qui changent l'espace à chaque scène. Les couleurs du décor sont colorés et passéistes afin de donner l'impression au spectateur d'être ailleurs.
En rendant minimaliste et théâtral le spectacle, cela permet également d'attiser l'imaginaire du spectateur et ainsi donc de créer un peu d'émerveillement.
